Chapitre 17 – Les arts martiaux : leur origine et leur développement

L’agriculture, la pêche, la chasse, la médecine, le commerce et le langage écrit sont sensés avoir été enseignés vers 3500 ans avant Jésus-Christ, durant le règne des trois empereurs mythiques de la Chine : Bok Hi, Sin Nong et Hwang Je.

D’un autre côté des murales dans des tombeaux le long du Nil et des inscriptions hiéroglyphiques gravées dans les pyramides indiquent que les Égyptiens pratiquaient une forme de combat à mains nues semblable à la boxe, aussi tôt que 3000 avant Jésus-Christ.

Il y a aussi des écris sur les techniques de combat à mains nues ouvertes pratiquées par les guerriers de Mésopotamie et de Sumer (3000-2000 avant Jésus-Christ). Nous pouvons aussi imaginer que l’être humain primitif devait dépendre de ses mains et pieds pour maîtriser ennemis, animaux et obstacles de survie trouvés dans la nature.

Tout comme le savoir humain et la sagesse progressent, ces méthodes de combat primitives sont graduellement et continuellement améliorées. Un moment donné, elles sont systématisées comme art martiaux.

Au temps des Cités-États grecques (700 avant Jésus-Christ) la boxe, la lutte et les autres formes de combat semblent être des évènements réguliers aux Olympiades. Les travaux d’Homère (800-900 après Jésus-Christ) renferment des descriptions de combats sans armes. Le philosophe grec Platon (347-427 après Jésus-Christ) mentionne le « Skiamachia » (combat sans adversaire) – une sorte de « shadow-boxing » éventuellement combiné avec la lutte et la boxe pour former le pancrace. C’est une technique dans laquelle tout corps est utilisé comme arme.

Les Grecs pratiquant le pancrace sont transformés plus tard en gladiateurs romains. Les combats de gladiateurs sont des sports très durs présentés pour distraire les spectateurs durant l’âge d’or de l’Empire romain. Ces combats sont introduits en Allemagne, en Normandie et en Angleterre après la chute de Rome pour devenir l’ancêtre de la boxe et de la lutte modernes.

On rapporte que certains types de combat à mains ouvertes sont pratiquées en Chine à une époque très ancienne. L’art du « Palgwae » éclos durant l’ère de Ju Gong (vers 200 avant Jésus-Christ) et se perfectionne durant la dynastie des Song 1000 ans plus tard.

À travers le monde, plusieurs styles de combats de mains et pieds sont développés, chacun reflétant les besoins du temps et différents antécédents historiques et culturels des pays de leur origine.

En Chine le combat à mains ouvertes s’appelle Kung-Fu ou Daeji-Chon; en Inde Selambam; en France Savate; au Japon Judo,Karaté ou Aiki-do ou Jujitsu; en Russie Samba; en Malaisie Bosilat; en Thaïlande Kick-Boxing et en Corée Taek-Kyon, Soo-Bak-Gi et Taekwon-do.

Certaines de ces formes d’autodéfense sont sans doute aussi vieilles que l’humanité. Il est virtuellement impossible de retracer le combat de pied et main à une seule source.

Il y a sûrement plusieurs légendes concernant les origines de tels combats sans armes et même trop souvent ces légendes sont crues. Des historiens croient que la principale source de combat à mains nues sort de Chine durant le 6e siècle par le moine Bouddhiste renommé Bodhidharma (Tamo en chinois ; Daruma en japonnais), troisième fils du roi hindou Brahma connu comme le 28e patriarche du Zen Bouddhiste.

L’essence du Zen ou doctrine de la tranquillité est de repousser le désir matériel, le pouvoir, l’avidité, la vanité et ainsi de suite à travers un épanouissement intérieur.

Daruma (448-529) part supposément d’un monastère du sud de l’Inde vers la Chine par les Hymalayas pour éduquer le monarque de la dynastie Liang dans les principes du Bouddhisme. Il est dit qu’à son arrivée en Chine en 520, il se rend à un monastère appelé Temple de Shaoling situé dans la montagne Shao Shik.

Il entreprend alors la tâche d’enseigner le Bouddhisme aux moines chinois. On rapporte que ceux-ci devinrent exténués physiquement à cause de la discipline sévère du pas intense donné par Daruma. Pour les entraîner aux difficultés de la discipline, Daruma les introduit à une méthode de conditionnement physique et spirituel décrite dans les livres L-Jin Kyong (développement musculaire) et Si Shim Kyong (purification de l’esprit). Ces livres doivent les libérer de tout contrôle conscient et ainsi leur permettre d’atteindre la lumière. En même temps, il supplémente leurs exercices quotidiens du Shih Pa Lo-Han (18 mouvements de mains Lo-Han) qui imite la position de 18 différentes idoles du Temple.

Par la suite, ils deveinnent supposément les plus formidables combattants de Chine. On dit que cette méthode est subséquemment combinée au Shih Pa Lo-Han pour former la fameuse boxe Shaoling ou Ch’yan Fa (méthode de coup de poing Shaoling).

Il y a peu de notes historiques pour soutenir cette histoire. Une analyse sérieuse des preuves révèlent que Daruma arrive en Chine durant la dynastie des Liang du 6e siècle. Il essaie d’abord d’enseigner le Bouddhisme au Roi Moo Je à Kwang Joo mais on lui refuse l’accès aux jardins du Palais.

Le missionnaire va alors dans un petit pays du nord de la Chine appelé Ui où il est invité à enseigner au Roi Myong Je. Pour des raisons inconnues Daruma refuse l’offre et se retire au Temple de Shaoling où il demeure en méditation et dévotion jusqu’à sa mort 9 ans plus tard.

Durant la période entre le 1er siècle avant Jésus-Christ et le 7e après Jésus-Christ la péninsule coréenne est divisée en trois royaumes : Silla, Kogouryo et Baek Je. Silla, le plus petit des royaumes est constamment envahi et harassé par ses deux plus forts voisins du nord et de l’ouest. Durant le règne de Chin Heung, 24e Roi de Silla, la jeune classe aristocratique et guerrière forme un corps d’officiers d’élites appelé Hwa-Rang-Do.

Ce corps de guerriers – en plus de l’entraînement normal à l’épée, au tir à l’arc, au sabre et au crochet – s’entraîne aussi à la discipline du corps et de l’esprit ainsi qu’à d’autres formes de combats de pieds et de mains. Pour endurcir leur corps ils grimpent des montagnes sauvages, nagent dans des rivières turbulentes durant les mois les plus froids, enfin s’efforcent de se préparer à la tâche de défendre leur patrie.

Pour se guider et donner une raison d’être à leur chevalerie, ils incorporent le Code de conduite en 5 points développés par le moine Bouddhiste de leur pays, l’érudit Won Kang :

  1. Soyez loyal envers votre Roi;
  2. Soyez obéissant envers vos parents;
  3. Soyez d’honneur envers vos amis;
  4. Ne retraitez jamais en combat;
  5. Faites de morts justes.

Les chevaliers du Hwa-Rang-Do deviennent bien connus dans leur péninsule pour leur courage et leur habileté sur le champ de bataille, gagnant même le respect de leurs ennemis.

La force qu’ils obtiennent du respect de leur Code leur permet de réaliser des exploits de grandes valeurs qui deviennent légendaires. Plusieurs de ces braves jeunes guerriers meurent sur le champ de bataille dans leur plus tendre jeunesse – aussi jeune que 14 ou 15 ans.

Il y a beaucoup de preuves historiques pour documenter l’existence d’une forme de combat de mains et pieds durant cette période dans Silla et Kogouryo. Certaines positions ressemblent aux techniques du Taek-Kyon ou du Jujitsu japonnais.

Il semble que les guerriers du Hwa-Rang-Do ajoutent une nouvelle dimension à cette méthode primitive de bataille de pied en l’adaptant à la guerre et en accentuant la valeur des principes du Hwa-Rang-Do. Ce nouveau concept spirituel de même que physique élève le combat de pieds au niveau d’un art.

Durant l’ère du Hwa-Rang-Do, la méthode originale et primitive du combat avec les mains appelé Soo Bak-Gi était populaire dans le peuple durant la dynastie Kogouryo. Les gens ont une haute estime du Soo Bak-Gi. Durant les festivals de Dan-O (le 5 mai du calendrier lunaire) et de mi-automne (le 5 août du même calendrier) des compétitions de Soo Bak-Gi ont lieu en même temps que des parties de lutte coréenne, souk-à-la-corde, saut et de Jeki-Chagi.

Le Dr Danjae Shin Chae Ho, historien Coréen fameux, dans ses écrits sur l’ancien manuscrit de Chosun, décrit les compétitions d’adresse et de courage sous des conditions éreintantes : « des danses avec sabres et certains sports aquatiques sur la rivière gelée ont lieu pour tester le courage et la persévérance du combattant . Le tir à l’arc et le Taek-Kyon mettent à l’épreuve l’adresse et la force des participants. Le gagnant de la chasse quant à lui obtient le titre de Son-Bi. Tout ceci est un pré-requis nécessaire aux guerriers, et les gagnants sont estimés de tous. » Le Dr Danjae rapporte aussi que l’art du Soo Bak-Gi est introduit éventuellement en Chine comme Kwon Bup et comme forme de Jujitsu au Japon.

Les documents historiques concernant les arts martiaux en Corée indiquent que le 3e Roi de la dynastie des Yi (1401-1408) recrute activement des experts en Taek-Kyon, en Sirum (lutte coréenne), en lancer de pierre, en tir à l’arc et en Soo Bak-Gi en vue de former une armée forte.

Plusieurs documents historiques semblent indiquer que certaines de ces formes de combat à mains ouvertes sont éventuellement exportées au Japon et forment la base du Jujitsu et du karaté japonnais.

Le Hwa-Rang-Do coréen est peut-être un des ancêtres du fameux samurai japonnais. Dans son livre « This is Karate. » Matutatsu Oyama, une autorité bien connue sur le Karaté au Japon, mentionne que l’étymologie du mot « Kara » peut être du pays de « Kaya » à la pointe sud de la péninsule coréenne.